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Cigarette électronique : deux visions de la santé publique

cigarette électronique et santé

La cigarette électronique au cœur des politiques de santé

Le vapotage occupe une place de plus en plus centrale dans le débat sur la santé publique. Depuis plus d’une décennie, la cigarette électronique s’impose comme une alternative crédible à la combustion de tabac. 

Pourtant, les politiques menées à travers le monde divergent profondément. En octobre 2025, deux actualités majeures illustrent cette fracture. D’un côté, la Nouvelle-Zélande intègre officiellement le vapotage dans sa stratégie de sevrage tabagique. De l’autre, la France prépare une fiscalisation et une restriction sans précédent de la cigarette électronique. 

Ces choix opposés révèlent deux philosophies distinctes : la réduction des risques contre la dissuasion par la contrainte.

Nouvelle-Zélande : la vape intégrée à la santé publique

Quelques mois après un premier projet pilote concluant, Health New Zealand – Te Whatu Ora franchit une nouvelle étape. L’agence publique a lancé un appel d’offres national pour fournir des dispositifs de vapotage aux 29 services d’aide à l’arrêt du tabac du pays. 

L’objectif est clair : étendre ce dispositif à l’ensemble du territoire dès janvier 2026, dans le cadre de la stratégie Smokefree 2025

Les produits recherchés sont des pods avec cartouches préremplies, contenant de 0 à 28,5 mg/ml de nicotine,  un taux comparable à celui des sels de nicotine. (Lire notre article : Les sels de nicotine : qu’est-ce que c’est ?)

Cette initiative marque une reconnaissance institutionnelle du vapotage comme outil de sevrage encadré.

« Cet appel d’offres représente une opportunité de contribuer à l’objectif Smokefree 2025, en garantissant aux fumeurs un accès équitable à des alternatives moins nocives et réglementées. » Health New Zealand

Un projet pilote encourageant

Le programme s’appuie sur un projet pilote lancé en janvier 2025, déployé dans 24 centres d’aide au sevrage. Les résultats sont jugés très positifs : 4 326 participants entre janvier et juillet 2025, dont 1 400 sevrages validés par test au monoxyde de carbone à quatre semaines. 

Ces chiffres démontrent une efficacité tangible du vapotage dans la démarche d’arrêt du tabac. Le gouvernement souhaite donc pérenniser et généraliser cette approche dès 2026.

Des conditions éthiques strictes

Health New Zealand impose des critères précis aux futurs fournisseurs : indépendance totale de l’industrie du tabac, traçabilité et conformité réglementaire, garantie d’un approvisionnement suffisant pour trois mois de sevrage. Cette exigence éthique renforce la légitimité du programme en évitant toute collusion avec les fabricants de cigarettes traditionnelles.

Des critiques malgré les résultats

L’initiative ne fait pourtant pas l’unanimité. Certains professionnels de santé jugent cette approche paradoxale. 

Le docteur Buzz Burrell, président des médecins généralistes indépendants, ironise : « Oh mon Dieu, vous êtes accro à la nicotine. Laissez-moi vous aider à inhaler de la nicotine. » Il estime que d’autres méthodes d’arrêt, sans nicotine, seraient plus appropriées. 

Du côté associatif, la Fondation pour l’asthme et les voies respiratoires regrette le manque de recul scientifique. Sa présidente juge « étrange que cela soit autant poussé avec si peu de preuves ». 

Malgré ces critiques, les chiffres du programme pilote et le soutien du gouvernement confirment une orientation claire vers la réduction des risques.

Une approche pragmatique et cohérente

La Nouvelle-Zélande adopte une logique de pragmatisme sanitaire : reconnaître la dépendance à la nicotine, proposer une alternative moins nocive, accompagner les fumeurs plutôt que les punir. Ce modèle, fondé sur l’efficacité mesurable, fait de la vape un outil de santé publique à part entière.

France : vers une répression administrative du vapotage

À la même période, la France emprunte une voie radicalement opposée. L’article 23 du projet de loi de finances 2026, présenté en octobre 2025, introduit plusieurs mesures jugées catastrophiques pour le secteur de la vape.

Sous couvert de simplification fiscale, le gouvernement propose : une taxe sur les e-liquides (0,03 €/ml jusqu’à 15 mg/ml, 0,05 €/ml au-delà), l’interdiction totale de la vente en ligne de produits du vapotage et un agrément obligatoire pour les boutiques physiques, alignant leur statut sur celui des buralistes. Ces mesures s’inscrivent dans le plan national antitabac 2023–2027, mais leur logique est vivement critiquée.

La vape assimilée au tabac

Le cœur du problème réside dans l’article L.314-4 du projet, qui assimile désormais les produits du vapotage aux produits à fumer. Cette assimilation juridique ouvre la voie à une fiscalité identique à celle du tabac et à un contrôle administratif renforcé.

En d’autres termes, la vape devient un produit du tabac sans en contenir. Cette mesure contredit frontalement le principe de réduction des risques reconnu par plusieurs études, dont celles de Cochrane ou de Santé Publique Angleterre, qui estiment la vape au moins 95 % moins nocive que le tabac fumé.

Une interdiction totale de la vente en ligne

L’article L.3513-18-4 prévoit l’interdiction complète de la vente à distance aux particuliers. Cette mesure met en péril environ un tiers du marché français, soit plusieurs centaines d’emplois. Les consommateurs, notamment en zones rurales, verront leurs options d’achat fortement limitées, tandis que les boutiques physiques devront obtenir un agrément administratif complexe et coûteux.

Une attaque frontale contre le commerce indépendant

L’article L.3513-18-2 précise que la vente de produits du vapotage ne sera autorisée que dans un débit de tabac agréé ou dans un établissement validé par l’administration après examen de l’honorabilité et des moyens techniques du gérant. 

La FIVAPE, fédération interprofessionnelle de la vape, dénonce un texte qui « vise à exterminer la filière indépendante ». Selon elle, ce projet place la France à contre-courant de la santé publique et favorise les buralistes au détriment des acteurs spécialisés.

Un coup d’arrêt pour la réduction des risques

Cette politique aura plusieurs conséquences. Elle provoquera une hausse mécanique du prix des e-liquides et un possible retour vers le tabac fumé. De nombreux vape shops indépendants risquent de fermer. L’innovation française dans le domaine de la vape pourrait aussi disparaître progressivement.

L’entrée en vigueur est prévue pour le second semestre 2026, mais les acteurs du secteur se mobilisent déjà pour tenter d’obtenir le retrait de l’article 23 du projet de loi.

Face à ces mesures, la mobilisation s’étend également à la communauté des vapoteurs. Une pétition nationale, intitulée « Vaper n’est pas fumer : lettre à nos élus », a été lancée sur la plateforme Change.org.

Les signataires y affirment :

« Nous demandons le retrait des produits du vapotage du champ de l’article 23 du projet de loi de finances 2026. »

👉 Signer la pétition ” Vaper n’est pas fumer ” sur Change.org

Deux visions opposées de la santé publique

En Nouvelle-Zélande, l’État associe le vapotage à la santé publique. Il reconnaît que la dépendance à la nicotine ne se résout pas par l’interdiction, mais par l’encadrement et la substitution progressive

Le programme national vise à réduire les inégalités d’accès aux solutions de sevrage. Le message adressé aux fumeurs est positif : « Nous vous aidons à trouver une alternative moins nocive. » 

En France, la logique est inverse. Le gouvernement assimile le vapotage au tabac et le traite comme un produit fiscalement rentable. La politique ne distingue plus la combustion, principale cause de mortalité, de la vape, outil de réduction des risques. 

Le message adressé aux fumeurs devient flou : « Vapoter ou fumer, c’est pareil. »

Ces deux approches traduisent un écart idéologique profond :

  • La Nouvelle-Zélande fonde sa politique sur la science comportementale et la réduction des risques, en s’appuyant sur les résultats concrets du terrain. 
  • La France, elle, reste fidèle à une approche paternaliste et punitive, où la santé publique s’aligne sur la fiscalité.

Quelles conséquences pour les fumeurs et la santé publique ?

Les données disponibles suggèrent que le vapotage encadré augmente significativement les chances d’arrêt du tabac. En restreignant son accès, la France risque d’affaiblir ses propres politiques antitabac

À l’inverse, la Nouvelle-Zélande pourrait devenir un modèle de réussite dans la transition post-tabac, en atteignant son objectif « Smokefree 2025 ». 

Le secteur français de la vape emploie plus de 20 000 personnes. Sa mise sous tutelle administrative entraînerait une concentration du marché entre les mains de grands groupes et des buralistes. 

La Nouvelle-Zélande, de son côté, ouvre la voie à une collaboration vertueuse entre l’État et les fabricants indépendants. En Nouvelle-Zélande, la communication publique valorise la vape comme un outil de santé et de confiance

En France, elle risque d’être perçue comme une menace ou une dépendance équivalente. Cette différence d’image influence directement les comportements des fumeurs et la réussite des politiques de sevrage.

Quelle voie pour l’avenir ?

La comparaison entre la France et la Nouvelle-Zélande montre que la lutte contre le tabagisme peut suivre deux chemins opposés : réduire le risque en accompagnant les fumeurs vers des solutions alternatives, ou restreindre l’accès à ces solutions au nom d’une politique de précaution. 

La première voie sauve des vies, la seconde retarde la transition hors tabac. Pourtant, la science est claire : la combustion tue, pas la nicotine en elle-même

Pour comprendre le rôle réel de cette molécule, découvrez notre article dédié : « La nicotine : qu’est-ce que c’est ? » 

Le choix d’intégrer ou d’exclure la cigarette électronique du champ de la santé publique déterminera l’avenir de millions de fumeurs. 

Chez Hemp Selection, nous défendons une vape responsable, indépendante et transparente. Informer, conseiller et accompagner les fumeurs vers des alternatives sûres reste au cœur de notre mission.

Pourquoi la Nouvelle-Zélande intègre-t-elle la cigarette électronique dans sa politique de santé ?

Parce qu’elle considère le vapotage comme un outil efficace de réduction des risques et un moyen concret d’atteindre son objectif « Smokefree 2025 ».

Pourquoi la France veut-elle taxer et restreindre la vente de produits du vapotage ?

Le gouvernement invoque la cohérence fiscale avec les produits à fumer, mais cette approche est jugée contraire à la réduction des risques.

Le vapotage est-il réellement efficace pour arrêter de fumer ?

Oui. Plusieurs méta-analyses, dont celles de Cochrane, confirment que les vapoteurs ont deux fois plus de chances de réussir leur sevrage que ceux utilisant des substituts classiques.